Le cancer du pénis

Le cancer du pénis est une maladie rare mais grave chez l’homme. Découvrez les symptômes, causes, traitements efficaces et moyens de prévention, dont le rôle du HPV

Cette page est informative est ne remplace en aucun cas l'avis, le conseil ou les recommandations d'un médecin spécialiste

Qu'est ce que le cancer du pénis?

Les cellules du pénis peuvent parfois subir naturellement des changements qui peuvent engendrer des affections non cancéreuses (bénignes) comme les verrues génitales (aussi appelées condylomes).

Cependant, ces changements peuvent aussi causer le cancer du pénis. Dans la plupart des cas, le cancer du pénis prend naissance dans les cellules squameuses qui se trouvent dans la peau et la tête du pénis (gland), on parle alors de carcinome épidermoïde du pénis: c'est 95% des cancers du pénis. Il peut apparaître n’importe où sur le pénis, mais il le fait le plus souvent sur le prépuce (chez les hommes non circoncis) ou le gland. 

Le cancer se déclare généralement chez les hommes de plus de 60 ans.

On peut déterminer le traitement à adopter en fonction du type histologique du cancer (type de cellule concernée), de son grade (aspect des cellules) et de son stade (étendue du cancer dans le corps).

Le type histologique est le nom que l’on donne au TYPE DE CELLULE à l’origine de la tumeur (de quoi s'agit-il?).

Dans 90% des cas, il s'agit du carcinome épidermoïde (ou spinocellulaire). C’est le type le plus fréquent (90% des cas). Il vient des cellules de la peau du pénis. Il peut être superficiel ou s’enfoncer plus profondément selon les cas. Il se soigne souvent très bien quand il est pris tôt.

Il existe aussi, mais plus rarement, d’autres types :

  • Carcinome verruqueux : forme plutôt lente et moins agressive.
  • Carcinome basaloïde ou sarcomatoïde : plus rare et potentiellement plus agressif.
  • Mélanome, sarcome ou lymphome (très rares sur le pénis).

Une fois que l’on sait de quel type de cellule il s’agit, on regarde aussi à quoi elles ressemblent au microscope. Cela nous donne le GRADE  DU CANCER (à quelle vitesse évolue le cancer?) :

➤ Grade 1 (bas grade): Les cellules sont assez proches des cellules normales. Le cancer est souvent peu agressif, se développe lentement.

➤ Grade 2 (intermédiaire): Les cellules sont plus modifiées, un peu plus désorganisées. Le comportement du cancer est modéré, ni trop lent, ni très rapide.

➤ Grade 3 (haut grade): Les cellules sont très différentes des cellules normales. Le cancer est plus agressif, plus rapide à se développer.

LE STADE DU CANCER (jusqu'où est allé le cancer?): 

  • Stade 0 (carcinome in situ) : cancer très localisé à la surface de la peau.
  • Stade I : la tumeur est localisée, sans atteinte des ganglions.
  • Stade II : la tumeur est plus profonde, touche les tissus sous la peau, mais toujours sans atteinte ganglionnaire.
  • Stade III : la tumeur est plus profonde et il y a atteinte des ganglions de l’aine.
  • Stade IV : cancer avancé, avec propagation à d’autres organes ou à des ganglions éloignés.

Les symptômes et causes du cancer du pénis

Les symptômes du cancer du pénis

Il existe différents symptômes qui se révèlent souvent à un stade précoce:

  • un changement de couleur du pénis, parfois en dessous du prépuce
  • épaississement de la peau du pénis
  • démangeaison chronique
  • Rougeur persistante, lésion ou ulcération
  • Écoulement et odeur désagréable
  • Petites bosses croûtées
  • enflure à l'extrémité du pénis
  • douleurs inexpliquées dans le pénis ou sur le bout
  • ganglions dans l’aine

Les causes et facteurs du cancer du pénis

Le cancer du pénis peut être la conséquence d'une faiblesse immunitaire:

  • Infection au papillomavirus humain (HPV), en particulier HPV 16 et 18
  • Antécédents de MST
  • Système immunitaire affaibli (VIH, traitements immunosuppresseurs)

Ou d'un manque d'hygiène intime souvent lié à l'âge des patients:

  • Hygiène intime insuffisante
  • Tabac
  • Accumulation de smegma: c'est la substance naturelle sécrétée au niveau du pénis constitué de cellules mortes de peau, de bactéries et d'huile. Non lavée, elle peut créer des irritations et inflammations qui, chroniques, peuvent générer le cancer.
  • Phimosis non traité: prépuce qui s'épaissit et rend difficile le fait de le rétracter => il n'est pas lavé

Diagnostic et traitements possibles du cancer du pénis

1. Examen clinique

Un médecin examine visuellement et physiquement la ou les lésions suspectes (plaques rouges, croûtes, ulcérations persistantes, excroissances anormales).

2. Biopsie

Un prélèvement de tissu est réalisé sous anesthésie locale pour confirmer la nature cancéreuse de la lésion. Cela permet également d’en identifier le type histologique et le grade.

3. Bilan d’extension

S’il s’agit bien d’un cancer, des examens sont nécessaires pour vérifier l’éventuelle propagation :

  • Échographie inguinale : recherche de ganglions
  • IRM ou scanner pelvien/thoracique : évaluer la dissémination dans l’organisme
  • TEP scan (PET) : dans certains cas pour identifier les métastases

Les traitements pour le cancer du pénis

Le traitement dépend du stade du cancer, de son emplacement, et de l’état de santé global du patient. L’objectif est toujours de conserver autant que possible la fonction sexuelle et urinaire, tout en assurant une efficacité maximale.

1. Chirurgie

C’est le traitement principal à tous les stades. Il permet de guérir 80-90% des cancers localisés.

  • Circoncision : pour les cancers très précoces limités au prépuce.
  • Exérèse locale élargie : retrait ciblé de la tumeur avec une marge de sécurité.
  • Glansectomie : ablation partielle ou totale du gland.
  • Pénectomie partielle ou totale : dans les cas avancés ; des reconstructions peuvent être proposées.

2. Traitements locaux conservateurs (pour formes très localisées)

En cas de cancer très localisé, il peut exister des formes très peu invasives sans chirurgie:

  • Crèmes à base de 5-FU ou d’immunomodulateurs (imiquimod) : uniquement pour les lésions superficielles (CIS).
  • Laser CO₂ ou cryothérapie : destruction ciblée de la tumeur sans incision.

3. Radiothérapie

La radiothérapie est souvent considérée, soit comme une alternative à la chirurgie pour les patients ne pouvant pas être opérés, soit parfois comme complément après chirurgie pour réduire le risque de récidive.

4. Chimiothérapie

Rare en traitement initial. Utilisée en cas de ganglions atteints ou de métastases.

Voie générale ou parfois chimio locale intra-ganglionnaire.

5. Immunothérapie (en cours d’évaluation)

Des essais cliniques testent l’efficacité des inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (comme le pembrolizumab) pour les formes avancées.

L'après cancer du pénis

Les traitements du cancer du pénis peuvent avoir un impact psychologique et sexuel important, mais la chirurgie conservatrice est souvent possible. Une reconstruction chirurgicale peut être proposée après pénectomie. Un accompagnement psychologique ou sexothérapeutique est vivement recommandé. La communication avec le/la partenaire est essentielle pour maintenir une vie de couple épanouie.

Se reconstruire physiquement après le cancer du pénis

SI ABLATION PARTIELLE DU PENIS (pénectomie partielle)

Le gland ou une partie de la verge a été préservée. 

Impact possible : gêne esthétique, troubles de l’érection, diminution de la sensibilité.

Que faire? 

  1. Travailler la réappropriation du corps par des exercices d’auto-exploration non sexuels (approche sensorielle).
  2. Favoriser les positions sexuelles où la pénétration n’est pas nécessaire.
  3. Explorer des pratiques alternatives (stimulation manuelle, orale, sextoys, massages).
  4. Envisager des consultations d’andrologie si les troubles de l’érection sont présents.

SI ABLATION TOTALE DU PENIS (pénectomie totale)

Conséquence : impossibilité de pénétration sans reconstruction.

Impact fort : atteinte de l’image corporelle, sentiment d’eunucoïdisme, détresse identitaire possible.

Que faire ?

  • Accompagnement psychothérapeutique essentiel (travail sur la virilité, le désir, la valeur personnelle).
  • Travail sur les formes de sexualité non pénétrative, les zones érogènes alternatives.
  • Possibilité de reconstruction pénienne (phalloplastie) : en discuter s’il y a un projet futur.
  • Importance du dialogue dans le couple : redéfinir ensemble une sexualité de lien, pas seulement de performance.

SI RADIOTHERAPIE OU CHIMIOTHERAPIE

Effets secondaires fréquents : fatigue, perte de libido, sécheresse, troubles de l’érection.

Que faire? 

  • Prise en charge par un médecin pour ajuster un traitement symptomatique (PDE5 inhibiteurs, injection intracaverneuse si besoin).
  • Soutien pour la relance du désir : réinvestir les moments de tendresse, de sensualité, la masturbation consciente.
  • Respecter le rythme du corps : ne pas forcer la reprise de la sexualité trop tôt.

Gérer les troubles psychologiques après le cancer du pénis

Il y a plusieurs conséquences psychologiques qui peuvent apparaître après un cancer du pénis, et il est nécessaire de le désamorcer auprès du patient:

  • Déculpabiliser : la sexualité après un cancer change, mais elle peut toujours exister autrement.
  • Travailler sur l’estime de soi : réconcilier l’image de soi nue, redéfinir la masculinité.
  • Offrir un espace pour évoquer la peur du rejet, du regard du ou de la partenaire.
  • Accompagner la communication de couple : aider à parler du corps, des besoins, des limites, du plaisir.
  • Intégrer la dimension spirituelle ou existentielle si le patient en a besoin.

Mon mari a subi un cancer du pénis, que puis-je faire?

L’important, ce n’est pas de revenir à "comme avant", mais de construire un "après" ensemble, à votre rythme, avec ce que vous êtes aujourd’hui.

1. Comprendre les enjeux post-cancer pour votre conjoint

Ce qu’il peut ressentir :

  • Perte de confiance en lui : le cancer touche un organe très lié à la virilité.
  • Peur de ne plus être désiré ou « capable ».
  • Gêne corporelle : regard sur son corps transformé, évitement du miroir, retrait sexuel.
  • Anxiété de performance : peur de ne pas retrouver une sexualité « normale ».
  • Fatigue émotionnelle : après le traitement, la réalité de l’après peut être un choc.

2. Votre rôle n’est pas de « réparer », mais d’accompagner

Voici quelques attitudes clés à avoir :

  1. Lui rappeler que vous êtes là parce que vous l’aimez, pas pour ses performances.
  2. Favoriser les moments de complicité non sexuels : toucher, massages, rires, tendresse.
  3. Valoriser ses qualités en dehors de la sexualité : ce qu’il est, ce qu’il fait, ce qu’il vous apporte.
  4. Accepter que la sexualité change : elle ne disparaît pas, elle peut s’élargir à d’autres plaisirs.
  5. Lui proposer (sans pression) de parler avec vous de ce qu’il ressent, à son rythme.

Et quelques attitudes à éviter :

  • Lui dire : « Ce n’est pas grave, il y a pire » → cela peut minimiser sa souffrance.
  • Forcer un rapport sexuel pour « le rassurer » → cela peut provoquer de la honte ou de la culpabilité.
  • Prendre sur vous sans parler → vous avez aussi besoin d’écoute et de soutien.
  • Le comparer à « avant » → il a besoin de se reconstruire dans l’ici et maintenant.

3. Comprendre que la sexualité peut se redéfinir

« Le désir ne se situe pas uniquement dans les organes. Le plaisir est multiple : sensoriel, affectif, émotionnel, symbolique. » Il est possible de vivre une sexualité non pénétrative épanouissante : caresses, massages, jeux érotiques, verbalisation et de prendre soin du corps autrement : retrouver des moments de sensualité, de proximité douce.

Travailler la communication dans le couple en posant des mots simples sur les envies, les limites, les peurs.

4. Prendre soin de vous aussi

Vous aussi, vous avez traversé l’épreuve. Vous aussi, vous pouvez ressentir :

  • Une forme de deuil sexuel ou émotionnel.
  • De la culpabilité de ressentir du manque ou du doute.
  • De la fatigue ou de l’oubli de soi.

Trouvez des espaces pour vous exprimer, être entendue, et vous ressourcer. Vous ne pouvez pas soutenir si vous vous épuisez.

5. Ressources et accompagnement possibles

Vous pouvez faire appel à des solutions pour être écoutée

  1. Thérapie de couple sexologique (si vous le souhaitez à deux).
  2. Groupes de parole (Ligue contre le cancer, associations spécialisées).

Ou vous renseigner de votre côté avec des lectures pour couples après cancer :

  • Préserver sa sexualité, Collection Mieux Vivre, par la Fondation Arc en collaboration avec Rose Magazine
  • Une nouvelle vie d'homme, le journal intime d'un médecin face au cancer de la prostate, Dr Walter Raaflaub, édition Favre

SOURCES

Cancer du pénis | Société canadienne du cancer

urologie-davody.fr - Cancer du pénis | Définition, symptômes et traitements

www.urofrance.org - 127.TRAITEMENTS-CHIRURGICAUX-CONSERVATEURS-DES-TUMEURS-MALIGNES-DU-PENIS.pdf

www.urofrance.org - 124.CURAGE-GANGLIONAIRE-INGUINAL-POUR-TUMEUR-DU-PENIS.pdf

Ravi, R. et al., "Penile cancer: a review of diagnostic and therapeutic options."

Protzel, C., et al. (2021). "Current and future management of penile carcinoma."

© 2025 Libisante – Reproduction interdite. Tous droits réservés.

Nous avons besoin de votre consentement pour charger les traductions

Nous utilisons un service tiers pour traduire le contenu du site web qui peut collecter des données sur votre activité. Veuillez consulter les détails dans la politique de confidentialité et accepter le service pour voir les traductions.